Aliens Le Retour (2D)
Redécouvrir les différents opus d'Alien en Blu-Ray est une expérience prompte à nous estomaquer perpétuellement tant on n'aurait jamais espéré voir les films dans de telles conditions, il serait aujourd'hui criminel de regarder les films sur un autre support.
Le premier Alien révèle une infinité de détails, transperçant la pénombre ça et là, qu'on ne pouvait même pas deviner en DVD. Rien que la visite de la planète, ou même les quelques plans de coupe sur les différents tableaux de bords du Nostromo laissent parfois croire que le film a été tourné récemment. Disposant d'une restauration de haute volée, la copie remet à jour quelques teintes un peu estompées dans les versions précédentes et dévoile de jolis rouges discrets ça et là qui tranchent avec l'aspect monochrome de l'ensemble.
Qualité qu'on peut également attribuer au second film. Avec sa copie intégralement supervisée par James Cameron en personne, Aliens est certainement le disque le plus épatant du coffret. D'abord parce que son nettoyage offre une qualité d'image tout bonnement époustouflante, sans jamais sombrer dans l'excès de lissage puisque l'aspect granuleux du film y est maintenu.
Voici ce que disait Jim dans un interview à ce propos :
C'est spectaculaire. Nous avons poussé l'optimisation jusqu'à un rendu sans bruit et une réduction du grain, avec un upscaling parfait, et des couleurs corrigées sur chaque image, vraiment le résultat est étonnant. Le rendu est encore meilleur qu'au cinéma à son époque. On avait tourné ça sur un nouveau négatif qui n'a pas donné les résultats escomptés, nous l'avons changé l'année suivante. Donc le résultat était assez granuleux. Nous nous sommes débarrassés de la majorité du grain d'origine. C'est bien plus net et plus clair, beaucoup plus beau qu'il ne l'à jamais été.James Cameron
Si certains plans d'effets visuels réalisés par des secondes équipes semblent récents tant ils sont d'une finesse accrue (les tous premiers plans de maquettes, où le vaisseau de Ripley est récupéré par une machine plus imposante), l'âge du film ne semble pas trahit, en plus de disposer d'une photographie totalement rafraichie pour l'occasion. A voir pour le croire !
Dans l'absolu, parce qu'ils sont plus récents, les troisième et quatrième films semblent bien moins édifiants, mais demeurent pourtant des disques de toute beauté qui ne font que transformer tout leur aspect formel. Les films sont beaux à regarder et la Haute Définition fait, là encore, honneur à des séquences comme les premières minutes d'Alien 3, et le périple des prisonniers sur les plages, ou la séquence aquatique d'Alien Résurrection où la moindre petite cochonnerie ou la moindre particule trainant dans la cuisine inondée transparait à l'écran. De quoi confirmer la redécouverte absolue que constitue le visionnage de ce nouveau coffret.
Une qualité sonore digne des productions actuelles.
Il n'y avait pas lieu de douter de la qualité des pistes sonores proposées ici, et l'éditeur confirme son implication dans un travail soigneux consistant à proposer la meilleure expérience possible. Au même titre que l'image, ce sont bien évidemment les deux premiers films que l'on redécouvre littéralement ici tant l'utilisation du DTS HD Master Audio 5.1 offre un souffle, un relief et un naturel inespéré pour des œuvres de cet âge. Les nombreuses scènes d'affrontement d'Aliens (qui restera sans nulle doute comme le film star de cette édition) n'ont clairement rien à envier aux mixages modernes et rien que le combat final, dont le son des bras du robot-élévateur se balance harmonieusement sur la scène frontale, en font un spectacle auditif ébouriffant. Vouloir jeter un simple coup d'oeil dessus est un risque de le regarder en entier dans la foulée.
Commentaires audio toujours aussi passionnants
La version Blu-Ray offre le choix entre deux versions : celle de 1986 et le director's cut de 1991 plus long de 19 minutes, accompagné d'une introduction de James Cameron. On profitera d'une d'une Bande originale isolée, permettant d'écouter le travail de James Horner dans son intégralité mais surtout d'écouter la seconde option, sur laquelle il avait travaillé à l'origine. L'une des différence notable repose sur le final et le célèbre thème de l'évasion du sas utilisé dans des dizaines de bandes annonces depuis, qui était originellement une variante de ce que l'on entendait à la fin du premier opus. Là aussi les commentaires audio sont de la partie, mais uniquement disponibles sur la version longue.
Une seule piste de commentaires, certes, mais sur laquelle se bousculent énormément d'intervenants : James Cameron, la productrice Gale Anne Hurd, le créateur des effets spéciaux Stan Winston, les superviseurs des effets spéciaux Robert Skotak et Dennis Skotak, le superviseur des miniatures Pat McClung et des acteurs Michael Biehn, Bill Paxton, Lance Henriksen, Jenette Goldstein, Carrie Henn et Christopher Henn. Il s'agit d'un montage audio parfaitement orchestré qui prend non seulement le temps de développer de très nombreux points, mais qui en plus n'est que très rarement répétitif avec le long making-of proposé plus loin. On retiendra évidemment les interventions très structurées du metteur en scène, dévoilant à quel point il est pointilleux ainsi que quelques anecdotes (il a écrit ce film ainsi que Terminator et Rambo 2 en trois mois seulement) mais la réunification des acteurs interprétant les bidasses a le mérite d'égayer l'ensemble. Les deux heures et demi s'écoulent au final très rapidement !
Un modéle d'interactivité
Si le coffret Alien a mis autant de temps à sortir, c'est parce que ses concepteurs ont tenus à nous livrer un produit d'une richesse tout bonnement incroyable, dont la quantité de suppléments parvient à supplanter les déjà exceptionnelles conditions techniques évoquées plus haut. Tout comme le coffret "Quadrilogie" proposé il y a 7 ans qui explorait au maximum les possibilités du DVD, les Blu-Ray de la saga Alien s'imposent comme un modèle d'interactivité. Il est évident qu'à ce jour, nous avons rarement eu affaire à une telle concentration d'informations sur un si petit objet que constitue ce coffret.
Notons que l'interface reprend un peu l'aspect de celle des éditions DVD (à savoir la texture de l'ordinateur du Nostromo), à cette différence que la navigation est autrement plus aisée, beaucoup plus fluide et surtout très intuitive, là où les précédents DVD se perdaient un peu dans leur navigation multiple et de nombreuses pages de menu et sous-menus. On appréciera par ailleurs le traitement dont les anciens suppléments on bénéficié ici puisqu'ils sont réadaptés à la navigation HD (recadrées ou en 16/9 ou du 4/3 complété par des bandeaux), retravaillés à l'aide d'une nouvelle typographie des textes d'accueil et des cartons texte pour être cohérent avec les nouveaux menus. En plus, nous le verrons plus bas, les dessins, story-boards, textes, ébauches de scénario et photos sont proposés en Haute Définition. On apprécie grandement que l'éditeur ne se soit pas contenté d'une transposition basique.
Evoquons enfin la relation qu'entretiennent les 6 disques les uns avec les autres. Sitôt que vous aurez inséré le premier disque, il laissera une trace dans votre platine ou votre ordinateur (s'ils sont mis à jour), servant ensuite de guide aux suivants. Lors d'un marathon, éjectez Alien de votre lecteur, et s'affichera alors un faux message publicitaire de la société pour laquelle travaillent les employés du Nostromo, même s'il n'y a aucun disque à l'intérieur. Insérez ensuite le second, et vous aurez directement accès au menu de ce dernier, sans logo Fox, sans clips publicitaires ou message d'avertissement, pour entretenir la continuité avec votre visionnage précédent.
Par ailleurs, chacun des films dispose de la Fonction Mu-Th-Ur qui permet d'activer des signets lors de la lecture des films via des onglets nominaux en fonction des scènes et des sujets qui vous intéressent. Là encore, la platine conserve soigneusement tout ceci en mémoire. Ensuite, à l'insertion des disques de bonus, un menu Mu-Th-Ur offre un accès immédiat aux suppléments qui concerne les séquences que vous avez annotés. Vous aimez les œufs Alien ? Vous les annotez lorsque vous en voyez un dans un film, et vous saurez ensuite absolument tout sur leur conception, en vidéo comme en galeries !
Une démarche louable, plutôt bien organisée mais qui peut rapidement devenir brouillon. Quand on constate le nombre d'heures de suppléments proposés et faciles d'accès, on préfère les consulter en y allant directement dans le vif.
Bonus du disque 5 - Fabriquer l'anthologie :
Une puissance de feu supérieure : Making-of d'ALIENS (3h04)
Conçu dans une structure identique à celle du making-of du premier film (trois axes principaux, eux même divisés en plusieurs sections spécialisées), le documentaire consacré à ce second opus demeure tout aussi passionnant. En particulier sur la façon dont la Fox a rebondit sur ce qui allait devenir une franchise, habilement remis sur les rails dans la bonne humeur pour que ça dégénère un peu plus tard, en cours de route. Avec une franchise identique, la construction d'Aliens est évoquée un peu comme l'inverse du premier. A commencer par une préproduction sans heurt, durant laquelle Fox a laissé les mains libres à James Cameron en lui laissant même finir Terminator (une mansuétude payante quand on connait leurs collaborations suivantes) ayant fait preuve d'une minutie des plus respectables lors de laquelle le cinéaste a fait preuve d'une belle réflexion sur la recette d'une suite digne d'intérêt.
Et puis il y a le revers de la médaille : le perfectionnisme de Cameron revient souvent à la charge ainsi que le clash perpétuel entre les techniciens anglais et l'équipe américaine, jamais sur la même longueur d'onde. Des collaborations frileuses également évoquées par le compositeur James Horner (qui signera plus tard la bande originale de Titanic et Avatar) parlant d'Aliens comme d'une expérience humaine très douloureuse. Une franchise complétée par une grande richesse d'information, en particulier à travers un long chapitre de près d'une demi-heure uniquement focalisé sur la conception des dix dernières minutes du film et leur affrontement final. Une vraie pépite...
Tout comme le premier opus, on retrouve ici les contenus additionnels (58 minutes) qui prennent soin de rentrer un peu plus en profondeur sur certains points. Ce sont ici X sujets qui sont abordés et qui dévoilent un James Cameron philosophant énormément sur certains points qu'on ne jurerai que formels (des pans de décors, les icones militaires), un long développement de la part des acteurs sur leurs relations avec leurs personnages, leurs collègues et leur réalisateur (en particulier Bill Paxton, dans le dernier cas). L'aspect conflictuel de la chose est moins évident que sur le premier film et encore moins que sur le suivant, puisque c'est ensuite une longue incursion dans la conception technique qui sera étendue. Dans le genre "anecdote sympa", on apprendra que la productrice (et ancienne compagne de James Cameron) Gale Ann Hurd a doublé le personnage de Vasquez le temps d'une séquence.
Bonus du disque 6 - Archives Anthologiques
A l'instar des archives du premier film, on retrouvera ici le Traitement original écrit par James Cameron (6min50), accompagné par des Animatiques vidéos (3min13) réalisées avec des maquettes, en guise de story-board. Ces dernières sont également disponibles en comparatif avec le film, illustrées par des commentaires du responsable des effets visuels. Une belle entrée en matière de la section Pré-production qui se poursuit par Les Story-boards (12min55), La conception artistique (3min45) et une galerie de Portraits de la distribution (6min).
Tout ce qui est consacré à la production se divise en deux axes. Côté Photographies, on retrouve les Images de la production (43min50) qui se divisent en tout sur neuf catégories, des Polaroïds de continuité (20min56), le Design des armes et des véhicules (5min45) et l'Atelier de Stan Winston (5min). Côté vidéos, on retrouve les images en provenance des casques des marines (5min01), le contenu des écrans d'ordinateurs apparaissant dans le film (4min04) ou celui qui illustre le procès de Ripley au début du film, avec les fiches des victimes du premier épisode (3min35).
Les archives de la post-production ont cela d'important qu'elles proposent enfin une scène coupée souvent évoquée mais jamais proposée à ce jour : Burke dans le cocon (1min31) dévoile que le salaud du film est retenu prisonnier chez la reine Alien et que ce dernier demande de l'aide à Ripley. Chose qu'elle exécute à sa façon. D'autres Scènes coupées (4min07) sont proposées mais il ne s'agit que de quelques lignes de dialogues éparpillées ça et là, et proposées avec des mocreau du film que l'on connait tous, pour rendre ces rajouts cohérents.
Ajoutons à tout cela quatre galeries d'images consacrées aux effets spéciaux et à la première du film, les Archives du Laserdisc, des tests de Designs pour l'apparition du titre (2min55), mais également Aliens : Traversée à la vitesse de la peur (8min16), une attraction consacrée au film dans un parc à thème qui nous est dévoilé ici par une vidéo qui servait d'introduction aux visiteurs ainsi qu'un aperçu de ce qu'ils ont vécu. L'ensemble se conclut avec 4 bandes annonces et un spot TV.
*Critique reprise du site filmsactu.com