• James Cameron - kathryn bigelow - Strange Days
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1995 - Strange Days

Ce qu'il faut avant tout savoir, nous, peuple du nouveau millénaire, c'est qu'en 1995, l'an 2000 était encore une énigme intergalactique, une source d'inspiration fertile pour bon nombre de cinéastes et d'amateurs de science-fiction. James Cameron, légendaire auteur de Terminator, a prouvé à de nombreuses reprises qu'il savait y faire avec le genre. Début des années 90, il offre le scénario de Strange Days à Kathryn Bigelow, une œuvre d'anticipation sociale sombre et violente qui demeure aujourd'hui un classique du genre... sombré dans l'oubli.

L'histoire prend place à la toute fin de l'année 1999, quelques heures avant le nouvel an et le tant redouté passage au nouveau millénaire. Lenny Nero, un ancien flic, s'est reconverti dans la vente de clips illégaux pourtant très prisés de la populace, à l'instar d'une drogue bon marché. Ces clips, projetés à même le cerveau via un casque électronique, permettent de revivre de l'intérieur n'importe quel moment de la vie d'un autre si tant est qu'il l'ait enregistré : descente à ski, scène d'amour ou encore braquage épique. Mais un beau soir, notre héros reçoit une disquette d'un tout autre genre : sitôt insérée dans son casque, il revit l'assassinat de sa meilleure amie au travers les yeux du meurtrier.

James Cameron Strange Days

L'intrigue de Strange Days prend place dans un univers nocturne bardé de néons capable de faire frémir n'importe quel loubard. Des voyous cuir-moustache aux flics racistes en passant par des caïds ultra-chevelus et vous obtenez un monde dans lequel il ne ferait pas bon vivre. Au milieu de tout cet enfer cyber-punk se démène un petit bonhomme mal rasé, en chemise à fleur : le personnage de Ralph Fiennes. Oui, la grosse originalité de ce thriller pourtant déconseillé aux moins de 16 ans est que son héros est un non-violent dans l'âme, un personnage qui subit plus qu'il n'inflige.

Coincé entre une Juliette Lewis hystérique, comme à son habitude, et une Angela Bassett passablement bourrine, Lenny Nero se veut l'équilibre même du film et c'est ce qui fait de Strange Days une œuvre où la violence et la brutalité, pourtant présentes, ne sont jamais gratuites. Pour autant, personne n'est tout blanc ou tout noir, bien au contraire. Démêler le vrai du faux, les bons des moins bons ou les mauvais des moins mauvais est presque un casse tête, un labyrinthe dans lequel il est facile de se perdre. Cameron signe vraisemblablement son meilleur scénario tant il brouille les pistes et multiplie les retournements de situation.

James Cameron Strange Days

Strange Days se situe pile-poil entre la science fiction et le film policier. Autant dire qu'il s'agit là d'une œuvre d'anticipation sociale parfaite tant les éléments fantaisistes, tels les casques cérébraux, sont distillés à très faibles doses tout en jouant un rôle fédérateur dans l'intrigue. L'utilisation du P.O.V (Point Of View, désigne une scène filmée en caméra subjective) renforce le suspense mais également la dimension choquante et, parfois, malsaine du film. La scène de torture et de meurtre infligée à l'amie du héros, filmée entièrement du point de vue du meurtrier est un bel exemple de sueurs froides.

L’œuvre ne sombre pas pour autant dans la complaisance, Bigelow utilisant avec soin la caméra embarquée pour mettre en avant de beaux moments de flashback entre Lenny et Faith, son ancienne fiancée, moments de pure éclaircie dans le ciel orageux du scénario. Il serait passablement vicieux de dire que la réalisatrice a su utiliser des techniques cinématographiques novatrices, à l'époque, afin de servir un scénario somptueux. Chose que son ex-mari, pourtant auteur de Strange Days, n'a pas réussi à combiner pour son Avatar.

Couronnée par le succès public du mythique Point Break, puis par le succès critique de Démineurs, Kathryn Bigelow n'a, entre-temps, jamais goûté ni à l'un ni à l'autre avec Strange Days. Tristesse, c'est pourtant son meilleur film.

James Cameron Strange Days


Los Angeles, dans un futur pas si lointain. Lenny est un flic déchu, obligé pour survivre de vendre du rêve. A des gens bien souvent fortunés il leur promet de vivre des sensations exaltantes: participer à une séquence enregistrée, en tant que spectateur d'une scène déjà vécue. Mais ce voyeurisme est incroyablement réaliste puisque toutes les sensations de celui qui a enregistré ces séquences sont communiquées directement dans le cerveau du voyeur via les électrodes du casque fixé sur son crâne.

 Le réalisme est alors saisissant. Les expériences les plus extrêmes peuvent être vécues par procuration, se sentir comme une femme alors que l'on est un homme, participer à des ébats sans risque de tromper son ou sa partenaire. Mais les excès pointent rapidement leur nez puisque certaines de ces vidéos présentent des scènes de viol ou de meurtre, les Black Jacks par exemple. Lenny, largué depuis peu par sa petite amie pour un producteur, va se retrouver rapidement au coeur d'une intrigue où le rappeur Jericho se fait tuer...

On pourrait rapprocher ce film de Existenz, pour différentes raisons: la réalité virtuelle, l'extrapolation et l'exploitation de l'information.

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 Les émeutes sont proches depuis la mort du rappeur, dans ce Los Angeles, la ville des anges est le théâtre d'une folie meurtrière montante et grondante. Michael Wincott, encore cantonné dans ce rôle de leader charismatique de gang, comme dans the crow, résume cette société qui tombe dans l'abîme. C'est donc une ville au sombre futur que nous présente James Cameron, scénariste et producteur du film. D'une certaine façon, on est proche d'une société du genre de neuromancien de William Gibson, du moins aussi glauque, mais aussi de celle des Extrêmes de Christopher Priest.

La faune urbaine est composée d'éléments de contreculture évidents avec finalement l'un des seuls éléments science fictionnesques et d'anticipation: ce casque neural. Point d'interface à la matrice mais un cloisonnement du sujet voyeur dans la séquence vidéo dont il ressent toutes les actions et sentiments du sujet originel.

Sexe drogue et rock'n roll pour l'ambiance générale, où la police, sous les traits de Vincent d'Onofrio, nous montre un côté très peu optimiste de ce qui nous attend. Est ce les émeutes de Los Angeles de 1992, ou bien la peur panique que certains ont véhiculé sur le net pour le bug de l'an 2000 qui ont inspiré les scénaristes ? Nul ne le sait, mais les faits sont étonnemment proches de cette fiction. Ce monde est le nôtre, en plein dans l'actualité de l'année de sortie de ce film.

James Cameron Strange Days

Au delà du contexte et de la vision de notre monde si proche, l'intrigue est menée et filmée de main de maître, où l'on n'est pas avare de séquence de ralentis aux moments clés. Les acteurs, dans ce film campent leur personnage sans fioriture et entrent dans leur peau rapidement et facilement. Ralph Fiennes est convaincant en ancien flic à l'air de chien battu, amoureux de la sensuelle et sexy diablesse Juliette Lewis. Angela Bassett est la dure au coeur tendre adéquate et Vincent D'onofrio est excellent dans la peau de ce flic véreux et raciste. La méchanceté à l'état pur.

Finalement, aucun acteur ou actrice ne font tâches à l'écran, dans de somptueux décors d'un Los Angeles au bord de l'embrasement. Une réalisation impeccable. Un sujet presque sensible à l'époque. Rien à redire, vraiment.

James Cameron Strange Days

(Critique de Manu B. du site scifiuniverse.com)

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Images Making Of - Strange Days

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