2000 - Dark Angel
De l'équipage de DeepCore affrontant les mystères de profondeurs abyssales au Los Angeles martyrisé par un cyborg venant du futur, d'un paquebot titanesque englouti dans les eaux froides à la jungle mystique de Pandora, James Cameron a donné à la grande toile de quoi assouvir pour de nombreuses années sa soif d'aventures et d'imaginaire. Si le cinéma a reçu de plein fouet le talent de cet artiste majeur, la télévision américaine a également vu naître chez l'auteur, à travers les séries Dark Angel et Entourage, un désir profond d'aborder ses thématiques fétiches et de promouvoir un recul salvateur sur son Art.
En 2000, James Cameron est au sommet de sa gloire. Après le succès incroyable de Titanic deux ans auparavant, l'auteur réalisateur semble intouchable. Même s'il a réalisé un clip vidéo intitulé Reach pour son ami Bill Paxton en 1988 (membre du groupe Martini Ranch à l'époque), le cinéaste ne s'est jamais véritablement attaqué au petit écran. C'est la FOX qui va lui mettre le pied à l'étrier avec Dark Angel, série d'anticipation où le post-apocalyptique se mêle à des digressions sur la génétique et la relation entre l'homme et la technologie. Une façon pour James Cameron d'approfondir sa vision de l'humanité et du futur.
Réunissant Jessica Alba, Michael Weatherly (N.C.I.S), Alimi Ballard (Numbers), Valarie Rae Miller (Reaper), Jensen Ackles (Supernatural) et John Savage (Voyage au bout de l'Enfer), le show débute en 2009 par l'évasion d'une trentaine d'enfants échappant à la vigilance des soldats d'un complexe militaire. Parmi eux, X5-452, jeune fille dotée de facultés physiques et intellectuelles hors du commun après avoir subi des expériences génétiques. Dix années plus tard, la jeune fille est devenue Max Guevara, fugitive à la recherche de onze de ses congénères échappés dans un Seattle dévasté par l'Impulsion (une décharge électro-magnétique qui a supprimé les systèmes informatiques des Etats-Unis.).
Un monde à l'abandon où l'homme survit dans un cauchemar darwinien. A ses côtés, Max pourra bientôt compter sur Logan Cale alias Le Veilleur, cyber-messie journaliste infiltrant le réseau d'information de L'Etat en place pour livrer la bonne parole contre un Oncle Sam corrompu. A leurs trousses, le colonel Lydecker, bien décidé à mettre un terme au Projet Manticore, expérimentant sur des êtres humains pour en faire des super soldats.
Avec Dark Angel, James Cameron revient à ses obsessions premières (rébellion contre l'ordre établi, univers post-apocalyptique, technophobie, combat homme/machine, vilains militaires) et offre un rôle fort à une jeune actrice, cousine éloignée de Sarah Connor. Logan Cale, coincé dans un fauteuil roulant, retrouve l'usage de ses jambes grâce à une technologie de pointe et ressemble à s'y méprendre au Jack Sully d'Avatar. « Il défend l’opprimé, se dresse contre l’injustice et se révolte contre la corruption », résumait Cameron. « Mais il est sur une chaise roulante. Il n’a qu’un pouvoir de dénonciation. Pour agir, il a besoin de Max. Il fait de cette jeune femme très spéciale son samouraï. »
La relation ambivalente entre les deux personnages principaux rappelle celle entre Ido et Gally dans Battle Angel (dont James Cameron prévoit toujours l'adaptation). Les réminiscences du travail du cinéaste, évidentes et florissantes, firent naître une mythologie solide qui n'eut pas le temps de délivrer toutes ses réponses.
Le personnage de Max est vraiment le fondement de la série. On ne s’étonnera pas de reconnaître en elle des qualités souvent illustrées par Cameron au cinéma à travers des personnages de femmes fortes et « couillues », de la Sarah Connor de Terminator à la Ripley d’Aliens.
« Je pense que c’est quelque chose qui parle aux femmes », déclare le producteur. « Nous vivons à une époque où le pouvoir des femmes dans la société a lentement grandi et je pense que les femmes aiment les personnages qui apparaissent forts et compétents. Je trouve aussi que les hommes ne sont pas contre des femmes fortes dans les films. Le public typique des mâles de 18 ans veut voir des femmes mettre une dérouillée, lui aussi. Nous ne voulions pas fabriquer un superhéros du genre champion du Bien... comme ces héros de bande dessinée qui courent partout en faisant le bien pour l’amour du bien. Nous voulions quelqu’un qui soit poussé à agir. »
Très au goût du jour, Max est aussi une cambrioleuse hors pair, qui vole aux riches pour subsister et elle pense avant tout à elle-même sans se soucier du bien de la communauté, une communauté d’ailleurs bien mal en point dans l’univers post-apocalyptique de la série.
Producteur délégué et créateur de la série TV, le réalisateur de Terminator ne réalisera finalement qu'un seul épisode : Freak Nation (Vivre Libre !), dernier segment de la saison 2 et touche finale d'un show annulé par un Network soucieux d'offrir à Joss Whedon les rênes de Firefly. Cette dernière étant elle-même annulée au bout de 15 épisodes l'année suivante... Les fans de Dark Angel se sont quelque peu consolés avec trois ouvrages signés Max Allan Collins (édités chez Fleuve Noir) retraçant aussi bien le passé que la suite des aventures de Max.