1981 - Piranha 2 : The Spawning (Piranha 2 : Les Tueurs volants)

En 1981, James Cameron réalise son premier film. Mais à cause d'un producteur trop intransigeant, le contrôle du montage lui échappe, sauf sur le territoire américain, où le cinéaste débutant réussit à imposer sa vision originale, dans une version alternative considérée aujourd'hui comme "perdue".

Piranha 2. Deux mots plus dévastateurs qu'une rafale de minigun, qui font gloser les détracteurs de James Cameron. L'as dans la manche qu'ils ne manquent jamais de lâcher lors des repas-débats du samedi midi entre cinéphiles. Le canard boiteux de sa carriere. « Le meilleur film de Piranhas volants jamais tourné ››, comme ironise son réalisateur. Un secret honteux, longtemps considéré par Cameron comme un squelette dans son placard, vu qu'il apparaît ou disparaît de ses filmographies au gré des interviews et des press-books. Certes, le bruit court qu'un director's cut du film existe mais le bruit court également qu'il serait un mythe, personne ne semblant l'avoir vu. Quelques pièces a conviction traînent pourtant sur internet : Cameron lui-même avoue en 2008 à la télévision canadienne dans l’émission "The Hour", le sourire aux lèvres, avoir remonté et amélioré le film "illégalement" : "J'ai vraiment rendu le film meilleur!". Mais de cet hypothétique director's cut, aucune trace. La seule version disponible en DVD des deux côtés de l'Atlantique est celle du producteur, l'ltalien Ovidio G. Assonitis, aujourd’hui retiré du métier. Celle que tout le monde a vu (ou tenté de voir), donc, et qui ne corrobore pas les propos de Cameron...

Le background de l'histoire est connu : sur le tournage de La Galaxie de la terreur, deux producteurs voient Cameron obtenir une performance d'une armée de vers en envoyant du courant électrique dans un morceau de viande sur lequel reposaient les bestioles. « Ils se sont dit que si j'arrivais à faire jouer des vers, je devrais y arriver aussi avec des humains. » Les deux hommes lui proposent de réaliser la suite du Piranha de Joe Dante (1978) qui doit se tourner entre la Jamaïque et l’ltalie.

En se jetant corps et âme dans le projet, le jeune réalisateur se doute bien que le cadeau est empoisonné. Ce qu'il ne sait pas encore, c'est qu'Assonitis n'a aucune intention de lui laisser les rênes du film. Quand on connaît l'obsession du contrôle légendaire de Cameron, on imagine le clash. ll est viré, d'après ses propos, au bout de 8 jours de tournage. Selon certaines sources impliquées dans la production, il aurait en fait tourné l'intégralité des extérieurs et intérieurs en décors réels (en dehors des plans de jeunes filles aux seins nus, dirigés par la seconde équipe et le producteur à l'autre bout de l'île), et se serait ensuite, seulement, fait licencier par Assonitis, qui part avec l'équipe terminer le long-métrage en studio à Rome. Pour Cameron, c'est un cauchemar. Sa carrière de cinéaste semble mort-née. Seulement voilà, comme Marshall Murdock dans Rambo 2, Assonitis a fait une erreur : elle s'appelle James Cameron.

Très énervé - on le comprend -, Cameron se rend à Rome en mars 1981 et fonce dans les locaux de la production réclamer des comptes. Le producteur, inquiet, brandit un coupe-papier pour se protéger. "C'est de la merde. Rien n'est raccord" lui dit Assonitis. La suite des événements est depuis devenue légendaire : exclu du projet, sans un sou, dans un pays étranger dont il ne parle pas la langue, survivant en « volant les restes dans les plateaux-repas de l'hôtel », Cameron pénètre par effraction dans la salle de montage et visionne les rushes qu'on a refusé de lui montrer. Déterminé, il remonte le film en cachette nuit après nuit en puisant dans le chutier, jusqu'à ce qu’il se fasse attraper par Assonitis qui dépose plainte contre lui.

Cameron refuse de raconter comment il a réussi à retourner aux États-Unis. On peut donc en conclure qu'il a été mis dans un avion par les autorités...Le montage final du producteur sort dans les salles italiennes en décembre 1981. C'est un film surréaliste, une bouillie visuelle indigeste mal montée et incohérente, truffée d'un humour hystérique pour décérébrés typiquement seventies, où des jeunes filles à gros seins roulent dans la farine des attardés mentaux au physique d'Albert Dupontel, et ou de vieilles salopes ridées draguent les jeunes moniteurs de la plage. Les Bronzés avec des piranhas volants ! Pas exactement le premier long métrage dont Cameron avait rêvé...

L'histoire ne s'arrête pas là. C'est même ici qu'elle devient encore plus intéressante : Roger Corman, qui a des parts dans le film, vend l'année suivante sa compagnie New World Pictures, ce qui a pour effet de retarder la sortie américaine de Piranha 2 pendant près d'un an et demi. Quand Cameron apprend que le film va finalement sortir en juin 1983 dans les salles aux USA, il use de ses relations avec le producteur et réussit à convaincre le distributeur cinéma américain, Warner Bros., de le laisser remonter le film à sa convenance afin de le rendre "acceptable".

Livré à lui-même dans une salle de montage, enfin libre, il va alors créer un director’s cut de Piranha 2 d'une durée de 1 heure, 24 minutes et 30 secondes (le "producer’s cut", fait 10 minutes de plus). C'est un moment-clé dans la carrière du réalisateur, la première bataille qu'il remporte sur le système (Terminator ne sera tourné que l'année suivante). C'est aussi la mise en place de l'un des jalons de toute sa filmographie : l'existence invariable d'une version alternative de chacun de ses films, qu'elle soit rendue publique ou non. Ce director's Cut, longtemps invisible, nous l'avons cherché sans relâche. Et nous l'avons finalement trouvé, dans sa seule version désormais existante, le LaserDisc NTSC MCA sorti en tirage très limité à 500 exemplaires en 1985.

Une fois l'objet introduit dans une platine, le fan de base de Cameron n'est pas au bout de ses surprises : ce n'est absolument pas le même film ! Cameron a tranché dans toutes les scènes qu'il n'a pas réalisées, soit la quasi-totalité des intérieurs et des moments à Rome, et a complètement retravaillé le montage. Il n'y a pas de pré-générique dans cette version, qui commence avec le générique psychédélique hypnotique de Stelvio Cipriani. Derrière, Cameron cale directement les scènes marines du début (le couple surpris en pleins ébats aquatiques par les piranhas), mais avec un filtre bleu très prononcé sur tout l'écran. Une musique tirée du premier Piranha vient couvrir les coupes. Il ne fait aucun doute, à ce stade, que l'on est en face d'un film de James Cameron : les images rappellent furieusement Abyss ! ceux qui en douteraient encore, Cameron assène sa carte maîtresse : le point de vue des piranhas fonçant vers le couple est désormais filtré en rouge, exactement comme le sera un an plus tard la vision du Terminator ! En cinq minutes, le réalisateur réussit à imposer sur le film une atmosphère et un style visuel qui deviendront sa marque de fabrique.

En continuant à comparer les deux versions, on prend conscience de la distance qui sépare la vision de Cameron, déjà maître dans l'art de raconter une histoire, de l'incompétence totale avec laquelle les Italiens ont monté le long-métrage. Des séquences entières sont déplacées dans la timeline, ce qui, miraculeusement rend enfin Piranha 2 cohérent. Remises dans un contexte dramatique construit, les similitudes avec les films à venir de Cameron apparaissent alors plus évidentes.

La divorcée Anne Kimbrough (Tricia O'Neil, que Cameron réutilisera dans Titanic), divorcée de Steve Kimbrough (Lance Henriksen, en route pour Terminator et Aliens, le retour), est un prototype d'Ellen Ripley (Sigourney Weaver), partageant avec elle, outre la même coupe de cheveux, la même détermination. L'étrange Tyler Sherman (Steve Marachuk), qui fait ami-ami avec elle avant de révéler ses vraies intentions, annonce le personnage de Carter Burke (Paul Reiser). Une scène d'explications entre les deux protagonistes sur un bateau renvoie même littéralement à celle entre Ripley et Burke dans Aliens, qui en reprend d'ailleurs au mot près certaines lignes de dialogue ! La séquence de réunion du conseil du club de vacances ressemble à s'y méprendre au procès de Ripley. L'épave du bateau abandonné annonce Titanic et Abyss, et les piranhas ne sont ni plus ni moins que des ersatz des futures créatures d’Aliens. Un passage se déroulant dans une morgue, où un piranha volant surgit d'un cadavre, décalque même pendant quelques secondes la mythique scène du "chest burster" du premier Alien.

L'histoire (l'armée a manipulé génétiquement des piranhas pendant la guerre du Vietnam, mais l'expérience leur a échappé) couvre toute la filmographie future du King of the World, mélangeant déjà syndrome post-Vietnam et science-fiction futuriste. Cette version de Piranha 2, largement supérieure à la première, devient donc un brouillon de toutes les obsessions à venir du cinéaste, une pièce fondatrice de sa filmographie. Certes, elle ne fait pas du film un chef-d'oeuvre. Mais un brouillon de James Cameron vaut sans doute mieux que beaucoup de longs-métrages aboutis d'autres réalisateurs. Et puis, "il vous semblera meilleur entre amis, après avoir descendu chacun la moitié d'un pack de bières !" Croyez-le : c'est Cameron qui vous le dit !

David FAKRIKIAN - Tiré de l'excellent numéro Hors Série de «Mad Movie» que nous vous recommandons.

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1981 - Galaxy Of Terror (La Galaxie de la terreur)

Second projet des productions Corman, Galaxy Of Terror est considéré aujourd'hui comme un bon gros film de série B. Il assume lui aussi pleinement la référence aux films d’horreur de l’époque, mais surtout l’emprunt à "Alien" de Ridley Scott qui est le gros carton commercial mondial du moment. Il n'en fallait pas plus pour ce producteur avisés et opportuniste de suivre l'idée lucrative de l'horreur spatiale.

James Cameron Galaxy Of Terror

James Cameron Galaxy Of Terror

Inutile de passer par 4 chemins pour définir ce film, tout le concept repose sur l'accumulation de séquences supposées "horribles", précédées d'un semblant de suspense. Cependant le film n'est pas dénué de certaines qualités et affiche de bonnes volontés, d'un point de vue artistique, il y a un travail intéressant, l'ensemble est cohérent et propose des scènes qui auraient mérité un budget bien plus conséquent. Le scénario est tout de même assez pauvre et peu passionnant, on notera toutefois une scène de viol par un gros monstre visqueux particulièrement osée et plutôt originale pour le coup, qui stimuleront l'intérêt de certains non convaincu par le coté burlesque des dialogues et la sottise de l'ensemble des scènes d'épouvante.

James Cameron Galaxy Of Terror

Behond The Scenes

A l'origine le script s'appelai "Planet Of Horror". Roger savais qu'il aurai jamais été capable de recruter quiconque avec ce nom là, donc il l'avais maquillé sous l'appellation de "The Quest" pour le changer par la suite dans n'importe quel titre qui sonne le plus horrifique possible.

Il avait 2 titres en tête : "Mindwarp" et "Infinity of Terror". Le film s'est finalement appelé "Mindwarp: The Infinity of Terror" pour les projections test ainsi que pour les diffusion locales dans les environs de Seattle. Mais ça ne fonctionnais pas bien. Quand un film marchait pas, Roger attribuai toujours ça sur la qualité de l'affiche du film ou le mauvais choix du titre. Il savais que ses films ne restaient jamais assez longtemps en salles pour être influencé par le bouche à oreille. Si le poster ou le nom donné au film fonctionne, il vend des tickets.

Le plus amusant dans tout ça, c'est que techniquement et émotionnellement, il y avais de réelles qualité sur les deux films Corman auquel j'ai participé. Certes les gens n'aimaient pas les évidentes erreurs de réalisation et de script, mais il y avais une limite et un monde de différence entre ce qu'un film devrai être et les possibilités qu'on avait pour y arriver. La marge de manœuvre est souvent étroite et j'ai trouvé cette période intéressante, au regard des résultats obtenus par rapport aux moyens qu'on avait à notre disposition."


James Cameron

James Cameron Galaxy Of Terror

James Cameron Galaxy Of Terror

Roger Corman m'a demandé de reprendre le poste de directeur artistique sur Galaxy Of Terror. Ce qui ne m'enchantais guère à la base mais voyant travailler les losers auxquels il confiait ses films, je me suis dit que je pouvais faire mieux que ces types.

Avec l'accord de Roger, j'ai ainsi pu travailler sur des scènes dialoguées avec quelques-uns des comédiens principaux. Soudain un nouveau monde s’ouvrai à moi, quelque chose que je n'avais pas envisagé au départ. Il ne s'agissait plus pour moi de créer des images, mais des émotions. Quand on travaille à l'écriture du scénario ou au contact des acteurs, cela relève d'une intuition évidente. De là où je viens, ça l'est moins.


James Cameron

James Cameron Galaxy Of Terror

Anecdote sur la scène du bras coupé :

Au départ nous comptions sur la vivacité des vers de farine, que nous avions recouvert d'une matière visqueuse pour leur donner un aspect répugnant. Ce n’était pas très convaincant, car les bestioles ne remuaient guère. Elles restaient même complètement inertes. Pour les inciter à davantage de nervosité, j'ai demandé à ce que l'on envoie une très légère décharge d'électricité dans le faux bras. les vers se sont aussitôt mis à gigoter comme des dingues. Dès que je criais "coupez", un technicien arrêtait le courant et ils recouvraient leur calme.

Ce n'est qu'après la prise que j'ai remarqués que deux types nous observaient, bouche bée. C'étaient des italiens qui cherchaient un réalisateur américain pour Piranha 2. Ils se sont dit que si j'arrivais à faire jouer des vers, je devrais y arriver aussi avec des humains.


James Cameron

James Cameron Galaxy Of Terror

1980 - Battle Beyond The Stars (Les Mercenaires de l'espace)

Le producteur Roger Corman est un grand spécialiste des séries B, un magnat de l'industrie cinématographique bon marché. Cet opportuniste émérite s’appuyait sur le talent de débutants souvent payés au lance pierre. Son flair et sa bonne étoile permettait à des graines de génies de se révéler au public via de petits budgets ; Coppola, Nicholson, Joe Dante, Scorsese, Ron Howard, Stallone, pour ne citez qu'eux, sont passés par l'école Corman.

Afin de décrocher son billet d'entrée dans le monde du 7éme art, Cameron mise sur l'exploitation d'un court métrage nommé "Xenogenesis" réalisé en amon pour un autre projet avorté. Dépassant largement les standards qualitatifs de l'époque, ce film sera le "laisser-passer" qu'utilisera son ami Randal Flakes pour les faire rentrer tous deux à la New World Pictures de Corman. Ce dernier, bluffé par ce jeune génie effronté aux multiples talents, confiera à Cameron les rennes des équipes techniques de deux de ces plus grosses productions de l'époque.

James Cameron Battle Beyond The Stars

James Cameron Battle Beyond The Stars

James fera donc ses premiers pas dans l'industrie du cinéma pour les besoins du film "Battle Beyond The Stars" (Les Mercenaires de l'espace), sorte de réponse petit budget (2 millions à l’époque) au "Star Wars" de Georges Lucas. Occupant les postes d'employé des effets spéciaux, mais aussi à force de talent et de culot, à se hisser comme directeur artistique, directeur de la photographie et même assistant réalisateur.

Cameron arrive avec ses connaissances et sa maitrise du "matte painting", du "Stop-Motion", de la "projection frontale", directement issues de ses lectures assidues des manuels techniques mais également par emprunts assumés sur les autres films tels que "2001 Space Odyssey".

Le projet Xenogenesis n'a finalement pas abouti sur grand chose. Mais grâce à lui j'avais mis les pieds dans l'univers Hollywoodien, si vous considérez l'environnement artistique de Roger Corman comme étant Hollywood bien sur. Car ce n'est vraiment pas le cas. Mais c'était l'endroit idéal pour moi à ce moment là. Je pense que nul part je n'aurai autant avancé sinon dans ce genre d'environnement. Je ne sais même pas si ça existe encore ce type de productions, pas dans ce pays en tout cas. Je sais que Roger continu de travailler comme ça cependant...

En 1980 donc, Roger s'apprêtai à produire le film le plus cher qu'il ai jamais fait, "Battle Beyond The Stars". J'ai été aspiré dans ce vortex. Une situation totalement incontrôlable. C'était un film où personne ne savais ce qu'il se passai. Personne dans l'équipe de Corman n'avais une idée de comment gérer un aussi gros projet. Ils ne connaissaient rien aux effets spéciaux et les gars de l'équipe technique qui comprenaient les principe des trucages visuels n'avaient aucune idée de ce qu'était la production cinématographique. Personne ne communiquait avec personne, c'était le chaos le plus complet.

Je m'en sortait plutôt bien dans cet environnement chaotique. Ca m'a permis de tirer la situation à mon avantage pour apprendre ce que j'avais à apprendre, faire ce que j'aimai faire et avais envi de faire et me permettre d'avancer jusqu'à la prochaine étape.

Si on m'avait vraiment crédité pour tout ce que j'ai fait sur ce film, en réalité je devrait apparaître au moins 5 ou 6 fois au générique. J'ai fait les matte paintings, j'étais caméraman des effets spéciaux, j'étais aux commandes de ma propre équipe d'effets de contrôle de mouvement, j'ai designé et construit les 3/4 des décors du film en tant que directeur artistique. J'était modeleur, dessinateur et j'ai crée tout le système de projection frontale. J'ai dirigé ce poste pendant les premiers jours de production pour ensuite les refiler à d'autres afin de me promouvoir au rang de directeur artistique. je passait d'un boulot à un autre...


James Cameron

Les productions Corman nous permettent de contempler le travail d’un James Cameron muselé dans un studio chaotique, au sein d’équipes au professionnalisme douteux, dans des productions fauchées, où l’écart entre remake et hommage est dangereusement étroit.

Le film s'en sort plutôt très bien compte tenu du faible budget alloué...chaque jour deviens un défis pour continuer la production, ce qui est très certainement la meilleure école possible permettant de survivre face aux situations de crises qu'il connaitra par la suite sur ses long métrages.

James Cameron Battle Beyond The Stars

Les productions Corman sont aussi les vestiges d'une industrie aux méthodes qui n'existent plus aujourd'hui, toutes les techniques employées ayant cédées leur place au profit des effets numérique, Battle Beyond The Stars fait parti des témoins de cette époque révolue mais indissociable de l'histoire du 7éme art.

Battle Beyond The Star se présente donc comme un ersatz de "La Guerre Des Etoiles" et qui s’oriente comme un remake des "Sept samouraïs" de Kurosawa. Il se défini principalement comme un produit d'exploitation totalement culoté qui reprend à l'identique, sans complexe, tous les clichés propre au Space Opéra.

New York 1999 (John Carpenter)

Merci à Battle Beyond The Stars, par inadvertance et malgré lui, Roger avait construit une vraie usine à effet spéciaux. Ils avaient des caméras de control de mouvement, tout ce bordel qui trainait partout, ces plateaux de tournages...et puis le film se terminai. Tout le monde avait la tête dans le guidon. Une semaine ou deux avant que le film soit bouclé j'ai soudainement réalisé que nous allions tous être sans boulot dans peu de temps...et il y a eu une opportunité...à une soirée j'ai rencontré Joe Alves, le producteur artistique de Spielberg pour le film "Jaws" (les dents de la mer). Joe travaillait pour John Carpenter, ils cherchaient une structure pour des effets spéciaux. Je lui ai dit viens sur nos plateaux. Je pensait que nous pourrions tous tirer parti de cette opportunité, On avais faim, on avait rien d'autre à faire, l'endroit allait être vide d'ici une semaine, j'ai donc loué les studios de Roger, et Roger n'en a jamais rien su.

Joe à amené Carpenter et la productrice Debra Hill. Ils avaient besoin de 25 plans pour le film "Escape From New York" (New York 1997). On est donc tous tombé d'accord. Soudainement Roger avait une entreprise viable de production de films pour le compte de clients prêt à payer pour ça.

Le timing était parfait : nous finissions tout juste les plan de "Escape From New York" et Roger était juste prêt pour la pré-production de son prochain film de Science Fiction, Galaxy Of Terror.


James Cameron

James Cameron Escape From New York Making Of

James Cameron Escape From New York Making Of

James Cameron Escape From New York Making Of

James Cameron Escape From New York Making Of

1978 - Xenogenesis

Xenogenesis est très spécifiquement le genre de perles artistiques que tout fan rêve de voir un jour porté sur grand écran. C'est le type de matériaux qu'un réalisateur laisse derrière lui, inachevé et devenant donc forcément culte. C'est d'autant plus passionnant quand l'artiste est précurseur dans son domaine, cela forge un imaginaire remplis de subtiles frustrations et attise les passions.

L'existence même de Xenogenesis se révèle une mine d'informations d'une richesse inestimable pour tout pèlerin sur le chemin de la connaissance de James Cameron, surtout lorsque de l'aveu même du maître, ce projet serai à l'origine de sa présence dans le domaine du 7éme art.

A cette époque j'évoluai au sein d'un petit groupe de gens passionnés prêt à visionner tous les films de science fiction à l'affiche. Quand "Star Wars" est sorti, tout le monde voulais surfer sur cette vague, mais personne ne savais comment s'y prendre. Il y avais un groupe de dentistes qui cherchaient une niche fiscale et souhaitaient investir dans un film à petit budget. Un de mes amis était déjà sur le coup et commençai à leur vendre le truc, les baratiner sur des concepts en tout genre. Et puis finalement il m'a appelé pour me demander si je pouvais l'aider et si j'avais quelques idées à ce sujet, j'ai dit oui j'en ai quelques unes...

J'avais une idée de film de science fiction qui pouvais être réalisé à petit budget, tout en étant grandiose. Le groupe d'investissement à sauté sur l'occasion. Ils voulaient faire un Star Wars, mais voulaient pas dépenser autant pour ça, ils voulaient mettre 400.000$ max.

N'ayant rien à perdre, on a dit banco! On a tourné quelques plan en 16 millimètres et monté une démo. Ils ont aimés. Du coup il nous on donné 20.000$ de plus pour réaliser une bande annonce pour la proposer à un autre groupe d'investisseurs partenaires afin de collecter encore plus d'argent pour le projet. On a réalisé 20 minutes de film avec un tas d'animations, d'effet spéciaux, de matte painting, etc. On apprenait sur le tas en même temps qu'on réalisais tout ça, c'était vraiment le moment clé de transition vers ma carrière de réalisateur. Pour faire tout ça j'ai du quitter mon boulot de routier et m'y consacrer à temps plein.


James Cameron

James Cameron Xenogenesis

12 minutes, c'est donc ce qu'il nous reste aujourd'hui de cette fameuse démo crée par James Cameron et Randall Frakes, quelques précieuses minutes totalement volées, une vidéo pirate de piètre qualité apparue il y a quelques années sur internet.

Force et de constater que nous sommes en présence d'une véritable pièce maitresse qui dévoile beaucoup sur l'inspiration de James. Le scénario donne le vertige, promet énormément et défini les fondamentaux qui matérialiseront les contenus des films qui vont lui succéder.

Les fans atteignent le nirvana à chaque occasions de fructueuses collectes d'informations et 2012 marque l'année de tous les délices. En effet, suite à une plainte pour plagiat pour le film Avatar, James renvoi une gifle cinglante en réponse à ses détracteurs, une contre attaque magistrale écrasant tous propos diffamants.

Il y explique minutieusement, dans un dossier de 45 pages, comment Xenogenesis en 1978 posait les bases du film Avatar. Baigné par toute la littérature de fiction, très tôt déjà à l'age de 11 ans James explorai ce genre de concepts dans ses dessins. L'idée de Xenogenesis à ensuite mûri, reprenant également des éléments d'autre projets qu'il a développé en parallèle, dont un certain "Chrysalis", lui aussi script de science fiction inachevé.

Le pitch c'est quoi ?

Xenogenesis évoque la saga des différents voyages du Cosmos Kindred, un imposant vaisseau spatial de presque 2km de long, propulsé par un statoréacteur interstellaire à fusion.

Confronté à la destruction de la terre, dans un ultime effort, les scientifiques lancent une mission de la dernière chance pour sauver l'espèce humaine en tentant de trouver une planète pouvant accueillir la vie. Le Cosmos Kindred transporte une intelligence artificielle cybernétique, gardien d'échantillons de cellules souches humaine, le but étant de cloner des individus aussitôt une planète viable identifiée.

Le thème principal de Xenogenesis se concentre sur l'histoire d'un pilote et d'une clandestine élevé par les cyborgs. Ils vivront des aventures dans des environnement exotiques, dangereux et peuplés d'Aliens. Cameron à crée des mondes divers et variés, remplis de faune et de flore dans lesquels nos deux héros collectent des échantillons.

C'est à partir de ce postulat que se développe toute la généalogie d'Avatar, une grande partie des idées imaginées pour Xenogenesis ont ensuite été reprises pour donner vie aux aventures de Jake Sully.

Premier élément de référence, la planète Pandora est l'une des planète que les héros explorent dans Xenogenesis. Décrit comme lumineuse avec de belles forets et un vaste réseau d'arbres bioluminescent interconnectés, des rivières aux couleurs phosphorescentes, le script nous explique là aussi que l'humanité ne peut pas y survivre car son atmosphère y est irrespirable.

La planète lumineuse est douée de sensation, elle peut ressentir et interagir avec les autres. Elle réagi à l'arrivée des héros, elle cherche à les capturer en les berçant dans un état de béatitude.

James Cameron Xenogenesis

Des artworks de James authentifie aussi l'existence de l"Utraya Mokri", l'arbre des âmes, avec ses lianes en fibre optique. Les graines sacrée de Eywa, les Banshee (présenté comme des raies-manta volantes) ainsi qu'une variété importante de la faune et la flore de Pandora sont évoqués dans ce script de 1978.

Coté technologie, là aussi les inspirations sont éloquentes pour la construction d'Avatar.

Dans le court métrage Xenogenesis, la machine mécanisé dirigée par l'héroïne "Laurie" se nomme le "Spider", commandé par un bras "waldos". Elle se bat contre un "Sweeper" filmé en stop motion. Le spider à servi de base au AMP (Amplified Mobility Platform) d'avatar que le colonel Quaritch conduit avec ce fameux bras Waldos. Le Sweeper n'est ni plus ni moins qu'un concept des HK Tanks de Terminator.

James Cameron Xenogenesis

James Cameron Xenogenesis

Aliens et son combat final avec l'exosquelette étais dans l’imaginaire de Cameron déjà en 1978. Ce combat cyclopéen et ses impératifs techniques sont déjà moteurs de son enthousiasme cinématographique. Xenogenesis expose clairement que James associe déjà très tôt la notion d’intelligence scénaristique à la maîtrise technique.

Les personnages de Xenogenesis visitent également un monde nommé "techno-planète". Ils y découvrent une civilisation avancée qui à péri en ayant fait le choix de se retirer dans des mondes imaginaires très réalistes générés par ordinateurs. Les personnages alien de cette civilisation avancée apparaissent sous forme squelettiques, couchés, mort depuis longtemps au sein de leurs cocon remplis de liquide, le crâne toujours reliés par des câbles à l'ordinateur central.

Les héros de Xenogenesis découvrent que les habitants se sont réunis pour fusionner leurs esprits en une seule super-entité en utilisant les réseaux cybernétiques. Les résultats de cette expérience étant si agréable pour eux qu'ils les considèrent comme de divines perceptions, n'étant plus disposés à y renoncer ils ont choisi de vivre par procuration dans une réalité électronique...quitte à mourir sans se soucier de la procréation, les condamnant à l'extinction de leur race.

L'idée d'une nature consciente, semblable à un seul être sensible est un concept qui me passionne depuis les années 70', j'ai souhaité l'explorer dans Xenogenesis. De même, dans les films Terminator, j'ai conçu l'esprit du monde prenant la forme d'un vaste réseau informatique, Skynet, qui est au courant de tout ce qui se passe sur Terre. Dans Avatar, j'ai nommé le monde esprit "Eywa", la déesse composée de tous les êtres vivants, accessibles à travers l'Arbre des Âmes. J'ai conçu Eywa comme étant « un vaste esprit bio-ordinateur » auquels les Na'vi peuvent physiquement se lier, comme les habitants de l'une des planètes dans Xenogenesis qui ont fusionné leurs esprits individuels en un seul super-entité en utilisant les réseaux cybernétiques avancées.


James Cameron

Assidus de lectures de fiction et par passion pour les sciences, ces emprunts sont totalement assumés par James, l'aidant à développer de larges concepts ambitieux. Notamment des sujets déjà exploités dans des livres tels que "Dans l'Imagicon" (1967) de George Henry Smith (qui a très largement inspiré les frères Wachowski pour Matrix, où le monde réel est en fait un monde généré par des ordinateurs) ainsi que la nouvelle "La Cité et les Astres" (1956) de Arthur C. Clarke.

James Cameron Xenogenesis

Xenogenesis explore aussi le concept de "linking" entre humain et machine. Le contrôle du "spider" par exemple se fait via une douille de liaison implanté dans le pilote à travers de laquelle il peut vivre une réalité alternative, via la machine il peut voir, entendre, ressentir, vivre par dimension électronique.

Le terme "link" utilisé pour décrire le processus de projection de l'esprit assisté par les machine de type "psionic" dans Avatar font parti aussi des idées déjà développées par James en 1978.

Mon idée pour Xenogenesis, d'un pod rempli de liquide, se base sur des expériences de privation sensorielle du début des années 1970, avec les fameuse "citernes Samadhi", qui permet au corps de flotter en apesanteur dans un liquide, sans bruit externe ni lumière, tandis que l'utilisateur est en méditation, permettant la création d'un état altéré de conscience. J'ai appliqué ensuite la même idée dans Avatar - Le design des unités de liens psioniques avait pour but de proposer une technologie qui réduit la sensibilisation externe afin que l'opérateur puisse se concentrer sur l'entrée sensorielle venant de l'organisme avatar. L'utilisation d'un tampon de gel de silicone moulée sous l'opérateur a pour but de proposer la suspension fluide d'un Réservoir de flottaison de Samadhi.


James Cameron

Dans Xenogenesis, les individus génétiquement modifiés qui sont "nés" après que le Cosmos Kindred ai atteint la planète hôte pour y développer la nouvelle espèce humaine, ont la peau bleue "oeuf de merle". Le célèbre croquis dessiné par James, qui sert d'introduction au court métrage, illustre une grande femme mince à la peau bleue, qui porte un pantalon moulant violet. Grands et minces, ces personnages serviront de base dans le design de la population autochtones, les Na'vi.

Ce férus de littérature, âgé de 24 ans à l’époque, dessine donc déjà dans Xenogenesis toute la symbolique de l’imagination qui l’a suivi sur ses autres films majeurs. Ce matériel atteste donc de la clairvoyance ainsi que de la richesse artistique de son créateur, fixant ainsi pour toujours le label de "maitre" cinématographique.

Petit budget, moyens limités mais imagination débordante, nous voyons dans ce court métrage toute l’étendue de son savoir faire et l’élaboration d’un monde complexe, d’un design soigné et d’effet spéciaux de très haut niveau compte tenu du faible investissement et de l’année de sa réalisation.

James Cameron dont l’enfance à été imbibée de toute la fibre fantastique dans sa représentation la plus large, mériterai qu’on fasse encore plus la lumière sur Xenogenesis tant il représente concrètement les fondations de sa cinématographie.

James Cameron France